Chapitre 8:

Bien des jours s’étaient déroulé sans mésaventures notables. Enfin, rien qui sorte des normes. Jusqu’au moment où le groupe décida d’établir un campement pour se reposer sur une longue durée…

L’activité était intense. Emie, avec son Maul de 100 tonnes, plantait les tentes dans la terre desséchée. Ahna préparait les lits. Grâce à ses pouvoirs psioniques, le Protoss assemblait les tentes et autres accessoires. Eternal allait chercher les rares arbres et apportait du bois pour le feu. Sméagol dormait.
Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que le camp ne soit bien installé. Ils avaient pris soin de s’arrêter près d’une oasis. L’oasis était particulière, coupée en deux par la terre. Ahna vit rapidement l’avantage de cette disposition : ils utilisaient une partie de l’oasis pour boire, l’autre pour se laver.
Je reprenais forme humaine. Les quelques arbres suffiraient à me cacher.
- Bon, on mange quand ? demanda Sméagol en baillant.
- Ben… quand tu rapporteras de la nourriture ? argua Ahna.
- C’est bon, j’y vais…
Il s’éloigna en grommelant et en finissant de se réveiller, oubliant même d’emporter sa massue.
- C’était voulu ? demanda Caederis.
- De quoi ? dit Ahna.
- D’envoyer chercher de la nourriture à l’ogre alors qu’il est fort possible que dans ses régions arides il n’y ait rien ?
- Oui.

Eternal entra péniblement dans sa tente. Il lutta beaucoup. Le tissus le gênait, l’empêchait d’entrer. Il finit par attraper sa hache pour tailler lui-même sa propre entrée dans la tente.
- Eternal ? dit Emie.
- Quoi ?
- Tu sais qu’il suffisait d’enlever les deux clous du bas, pour ouvrir la tente…
- Euh… mais… Je… Je cherchais à personnaliser ma tente, c’est tout.
- Ah…
- Les tentes fermées, c’est pour les lâches !
Sméagol revint tout de même peu de temps après. Contrairement à toute attente, il avait quelques proies. Des hommes-cochons, quelques jambes, des gros oiseaux…
- Mais…Comment tu as fait, sans ta massue ? demanda Emie.
- J’ai mauvaise haleine quand j’ai pas mangé, répondit l’ogre. Et j’ai d’autres armes mortelles, aussi.
Personne ne lui demanda plus de détail. Cela suffisait amplement.

Ils mangèrent dans un calme relatif. Enfin, tous, sauf Caederis, qui ruminait en pensées de sombres paroles… ou de sombres pensées… enfin, bref, il broyait du noir. Reverrait-il un jour sa patrie ? Pourrait-il combattre à nouveau aux cotés de ses frères ? Evidemment, personne n’en avait rien à faire, mais il persistait.
Puis vint les douches. Emie était sans cesse resplendissante, et n’eut nul besoin de se laver (malgré uns insistance curieuse de Sméagol). Eternal, fidèle aux traditions Orcs, se passa un peu d’eau sur la figure, les bras, et les jambes. Sméagol, fidèle à aucune tradition, voulut plonger dans l’oasis mais fut retenu par le Protoss qui craignait que l’équilibre écologique du monde d’Azeroth en fut bouleversé.
Alors que Caederis reposait doucement Sméagol par terre (enfin, jusqu’à ce qu’Eternal lui lance un caillou dessus, ce qui le distrait suffisamment pour laissait tomber l’ogre lourdement sur le sol), j’aperçus une ombre proche de moi. Craignant d’être découverte, je me réfugiait à la vitesse de la lumière dans l’une des deux douches. Malchance, c’est celle-ci que l’utilisateur choisit pour se laver !
Ahna entra ainsi sans se soucier de quoi que ce soit dans le repère précaire de bois établi pour la protéger des regards indiscrets (soit, autrement dit, de Sméagol et d’Eternal). Je me transformais immédiatement en brume, ce qui lui fit un effet de froid.
Alors elle fit venir l’eau de l’oasis (sans doute une magie elfique) et commença à se dévêtir. Déposant d’abord armes et protections légères, elle se défit ensuite de ses vêtements un par un. Son corps sublime d’elfe de la nuit me donnait furieusement envie… de la mordre, mais me réservait aussi une effroyable surprise. Si bien que je quittais très rapidement (toujours en brume) l’abris.
Je suis encore traumatisée, j’hésite à indiquer ce détail à l’écrit. Mais il le faut, ne serait-ce que pour me libérer. J’ai, en partageant la douche d’Ahna, découverte en effet qu’elle était… hermaphrodite !

Quelques heures plus tard, tout le monde allait se coucher. Mais alors que seul restait Caederis dehors (tiens, ça donne quoi, d’ailleurs, le sang de Protoss ?), un bruit se fit entendre. Une plainte. Une longue plainte.
Emie sortit de la première tente en volant. Eternal détruit complètement la deuxième pour en sortir, la laissant tomber sur Sméagol qui, lui, dormait encore profondément (à en juger la les décibels générés par ses ronflements). Ahna suivit peu après, complètement endormie, cherchant dans son dos un katana qu’elle avait laissé dans la tente.
- Qu’est ce que c’est ? scanda Caederis. Montre-toi !
Alors apparu quelque chose que je connaissais très bien : un fantôme. Mais un fantôme indépendant, pas une incarnation du Fléau. Un vrai fantôme, pas un artifice de quelconque faction. Il cessa sa plainte en apparaissant.
- Bonjour, aventuriers perdus.
- On est pas perdus ! dit Eternal.
- Mais toi, qui es-tu pour nous déranger ? demanda Caederis.
- Juste un esprit torturé qui implore votre aide, nobles voyageurs !
Tiens, c’était nouveau, ça, les fantômes qui font pas peur, qui savent très bien parler, et qui demande poliment de l’aide.
- Dit toujours, dit Emie, méfiante avec son maul .
- Je suis un ancien écrivain. J’ai écrit un gros volume sur un ancien langage utilisant des termes mystiques : le langage Métalplanien. Mais d’ignobles voleurs ont volés mon gros grimoire, et l’ont caché en un lieu qui m’est inconnu. Aussi je vous supplie d’accepter de le rechercher, pour moi, et de l’envoyer dans l’une des capitales de ce monde, pour que son savoir ne soit pas oublié !
- Euh, ouais, super, dit Caederis. Mais si tu ne sais pas où il est caché, on a bien peu de chance de le retrouver…
- Il est dans une crypte, dit le fantôme. Dans la crypte de Tusor, je pense, précisa-t-il. Ce n’est qu’une hypothèse, mais j’ai cru comprendre que c’était là votre destination ?
- Exact . Te joins-tu à nous ?
- Non, je ne vous serais d’aucune aide. Je n’ai pas de pouvoirs magiques, et pas de consistance physique. Mes lamentations ne vous apporteraient rien. Mais j’apparaîtrais pour vous aider aux moments opportuns. Soyez-en assurés ! Si vous avez besoin d'aide que je puisse fournir, appellez-moi. Mon nom est compliqué, mais criez "XBQ" et j'apparaîtrais !
- C’est d’accord. Tope-là, dit Emie.
Evidemment, les mains se traversèrent. Sur ce, le fantôme disparu en une dernière plainte. Alors, Ahna, ouvrit un œil.
- Mmmhh hein ? C’était qui ? dit-elle dans un état de sommeil, cherchant, toujours, son katana.
- On t’expliquera, en même temps qu’à Sméagol, trancha Caederis. C’est à dire la nuit prochaine. Allons prendre du repos, maintenant.

J’avais dans l’idée que les choses allaient se corser, bientôt… Ces histoires de fantômes et de revenants ne m’inspiraient guère…

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